samedi 23 juin 2012

PAULINE SE SENT LUNATIQUE (ET SI DIEU ... TOME II - VERSET III).

(cliquer sur Râ pour découvrir l'héroïne de cet épisode)





ELEMENT COSMIQUE PAÏEN FEMININ, MENE DESCEND DU FIRMAMENT.


Pauline pensa que son nouvel ami Dabi se mêlait de tout avec impertinence. Elle leva les yeux au ciel, interrogeant avec fermeté la lune, son alliée.

-  Tu vois bien que je me coupe "en quatre" pour vous tous, pleurnicha Méné (du grec méné = la lune).

-  Nous sommes d'accord, mais parfois tu laboures la mer, et alors merci le tsunami. Franchement limite, ton efficacité, ma chère.

-  Ne sois pas si catégorique, Pauline. N'oublie pas que l'Univers n'est qu'inter-actions (pour les plutôt matérialistes), ou bien inter-relations (pour les plutôt enclins à la spiritualité). Avec ces inter-attractions multiples, il m'arrive d'avoir le tournis comme une toupie. Tantôt mes relations avec le soleil sont au beau fixe, tantôt cet amant bouillonnant me bat froid. Figure-toi que je rêve parfois de tiédeur, un comble !

-  C'est vrai que nous sommes de petits vernis sur terre. Nous profitons d'un compromis thermique interplanétaire incroyable et complexe.

-  Pourvou qué ça dourre, gémit Méné.

-  Quel pessimisme, intervint Dabi !

-  Ils m'ont quand même mis le pied dessus, s'indigna la lune !

-  Et en 69 de surcroît, quel viol, renchérit Pauline !

-  Vous croyez vraiment que c'était la même année pour tout le monde, remarqua Dabi le pertinent ?

-  Tu as raison, conclut Pauline; nous tournons en rond.

-  Tu l'as dit, étourdie, murmura Méné.

Le temps passait sans arrêt. Pauline s'amusait à humer le présent furtif pour tenter de le garder un peu. C'était comme essayer de prendre l'air à pleines mains. L'impossibilité de son rêve définissait le réel, en se heurtant à ses limites.

-  Tu progresses, émit Dabi.

-  Sans notre désir d'irréalité, nous ne sommes que des respirants, des biologiques stricto sensu. Il y a de quoi déprimer !

-  D'autant que votre cerveau reptilien vous fait ramper, vous empêche de quitter la terre et prendre de la hauteur.

-  Ah ! C'est malin ! Parce que les oiseaux du ciel n'ont plus de système limbique, s'indigna Pauline ?

-  Je n'ai pas dit cela.

-  Alors, explique-toi.

-  Cherche bien.

Dabi avait l'art de la faire avancer avec l'efficacité d'un mirage, mais elle n'était pas dupe, gardant sa lucidité pour ne pas arriver à en espérer qu'il pleuve dans le désert.
A propos de "mirage", elle réalisait que le rêve humain de conquête aérienne se terminait souvent par un train d'atterrissage. C'est bien joli l'aventure, mais le bercail a du bon.

-  Retour d'Adam le terreux à la "base" départ, persifla Dabi.

-  Tu donnes une bonne gifle à tous ces humanidés qui ont construit de multiples érections monumentales style pyramides, temples, cathédrales fléchées, mosquées et autres mégalithes phalliques ?

-  En quelque sorte, chère "Baby-belle".

L'auteure alla calmer une petite faim en grignotant un morceau de fromage.

Dès que Pauline l'humaine s'élançait vers les hauteurs de la spiritualité, inaccessibles à notre pauvre corps carboné, Dabi la rappelait à l'ordre de la Raison. Pour ne pas se casser la tête lors d'une descente trop brutale, mieux valait apprendre à planer et arriver en douceur à bon port. Pauline prit la leçon de patience en plein vol. Mais elle n'était pas vraiment d'accord avec Boudyahdiah. Le rhinencéphale ne lui semblait pas seul responsable de notre "mise bas". Tout de même, la pesanteur ...

-  Ô Force tranquille, Toi qui évites tant de collisions célestes, clama Dabi !

En cette mi-octobre 2007 et contre toute prévision, Strasbourg vivait un été indien. La forêt pleurait ses feuilles tombant inexorablement au sol. Certaines dessinaient des volutes hasardeuses, offrant un beau sursaut de résistance à la chute. Insensible à la mélancolie poétique automnale, Pauline considérait que les arbres avaient raison de desquamer ainsi. Place aux jeunes pousses !

-  Heureusement que le tronc est solide, se permit Dabi.

-  Grâce aux racines, répliqua Pauline, très nénette sexiste.

-  Touché, admit Dabi.

La langue française se moquait rarement des genres. Les orgues plurielles se concentraient bien en un masculin singulier, unique délice de leurs amours fidèles, mais tout de même, UN sauveur fils de l'homme, rien de plus net !

Au commencement était LE verbe (Jean, chapitre I, verset 1 ... Soit vraiment le tout début), pur Esprit Saint. Ben voyons. En s'incarnant, IL devenait LA parole. Et patatras ! La "Bonne Nouvelle" n'était ni comprise ni admise par l'ensemble de l'humanité. Echec à l'universel. Ce qui signifiait qu'en se faisant chair, le devenait la, s'effondrant dans l'impureté, la perversion et la géhenne. Que de féminines noirceurs !
Pauline avait beau s'accrocher au masculin du Mal, le Bien avait pris le parti d'enlever le "e" efféminé du Mâle. Quant à l'accent pointu, turlututu ! Le mauvais descendait donc d'une féminisation perfide du viril.

-  Quel méli-mélo, bouda Dabi !

-  Quoique ...

-  Arrête de n'imaginer que malheur, noir, sombre et froid ! Et le bonheur, le blanc, le clair, la chaleureux, qu'en fais-tu ?

-  De la félicité, de la pureté, de la lumière, de la tendresse, répondit Pauline, subtil-e.

-  Heureusement que Testament et Evangile sont du genre masculin !

-  Oui, mais réunis par deux Alliances bien féminines, se lova Pauline.
-  Quel tact, et du tac au tac, se dit Dabi.

Sigmund Freud sortit des profondeurs du néant; donc, il n'était pas loin.

-  Et moi, je suis sûr que c'est ça !

-  Mais ça quoi ?

-  Eh bien, toute mon oeuvre car ...

-  PPPPssssyyyychchchch !

Pauline lui cloua le bec. Le mythe d'Oedipe nous ramenait au siècle de Périclès. Quant au sphinx, il nous venait de bien avant ce temps-là, tellement antérieur à celui des évangélistes canoniques Marc et Matthieu, unissant lion et tête humaine.

-  Cela fait un peu "taureau aiglé" sourit Dabi, les yeux bouddhab-riz-dés.

Pauline comprit que l'auteure perdait le contrôle et fit diversion.

N'ayant pas encore quitté Strasbourg, elle prévint Eva sa mère de son prochain retour à Dermate. Eva pleurnicha un malencontreux " ma petite chérie, comme je suis heureuse de te reprendre !". Aïe ! Dès le lendemain, Eva lui annonça qu'elle avait décidé de vivre à Nataville, soit à 1000 Km de Dermate. Drôle d'accueil que la fuite vers l'autre bout de la France. Pauline analysa la situation et n'en retira que des avantages : En moyenne, 10 ° C de plus à Dermate qu'à Strasbourg, une bonne conscience préservée à peu de frais, sa liberté conservée.

(23 décembre 2007).

Dans la vie de Pauline, l'ambiance relevait du drame deux ans plus tôt et de l'extrême inconfort l'année précédente. Le trouillomètre à zéro fin 2005 et des malaises anxiogènes en chantant avec la chorale de la Cathédrale fin 2006 (Cf Tome I, Editions B).

-  Si tu réfléchis un peu, amorça Dabi.

-  Je retourne de là où je viens mais en ayant grandi.

-  N'est-ce point un grand pas ?

-  En avant ou en arrière ?

-  Pourquoi pas en haut ?

-  Hum, comme Neil Amstrong le 21 juillet 1969 ?

-  Alors là, intervint Méné furibonde, je ne fus pas méchante car si je l'avais voulu, Neil ne serait pas revenu chez lui, ni son pote Buzz !

-  OK, admirent Pauline et Dabi.

L'auteure réalisa la transmission de pensée, voire l'identité d'idée entre les deux premiers protagonistes de son ouvrage. Boudyahdiah ne s'exprimait que grâce à la vitalité de Pauline, et n'aurait jamais "vu le jour" sans l'apport culturel ancestral de son amie. Pauline ne pouvait évoluer sans l'aide de Dabi. Ce qui revient à considérer que les vivants ne peuvent se passer des morts pour être, et que les morts, sans la pensée des vivants, n'existent pas. Autrement dit, la mémoire se définit comme un lien entre vie et mort, un lieu de fausse spiritualité, un produit cortico-neuronal, donc une totale imperfection.

-  Tu crois que l'on pourrait imaginer une mémoire de l'avenir, s'enquit Dabi ?

-  Oui, à condition de ne retenir que le bon du passé et le faire resurgir, délesté du mal qui l'empêche d'avancer, sinon ce n'est pas la peine.

-  Les même causes ...

-  C'est là que survient la liberté du choix, propre de l'humain pourtant limité.

Après une pause déménagement, l'auteure se remit à l'ouvrage et Pauline reprit vie. Elle savourait sa nouvelle installation tout à côté de Dermate, au lieu-dit Tridemin (ce qui signifie, pour les non-initiés, que ce n'est pas deux fois hier). Elle pensait revenir sur ses pas pour Madame sa Mère et le Golf royal. En fait, elle testait sa force renouvelée, recréant les dangers pour mieux les combattre et les annihiler. Acte animal de survie. Pour revenir en arrière tout en avançant (particularité qui nous différencie du perroquet), il lui fallait une grande injection d'inconscient géré.

-  Et toc pour Sigmund, murmura Méné.

-  Dis, tu ne pourrais pas prévoir une petite éclipse, se permit Dabi ?

-  Libre à moi, rétorqua Méné, ne risquant pas grand chose puisque nous étions à quelques jours de la nouvelle lune.

Pauline sentait bien qu'elle se rapprochait du coeur du problème. La liberté du non l'emportait-elle sur celle du oui, effaçant l'inconfort d'un peut-être ?

Ayant décortiqué Eva, elle la mit à l'épreuve, sans le vouloir vraiment, mais se préparant à toutes les agressions perverses possibles. Elle fit bien. Eva déclara qu'elle partait à Nataville, puis annonça qu'elle n'était pas encore décidée, puis affirma qu'elle restait à Dermate. Pendant ces tergiversations qui auraient pu faire perdre la tête à notre héroïne, Pauline ne broncha pas, insensible à ce nouvel essai de décapitation. Elle se battit, pieds et poings déliés, pour obtenir un prêt bancaire intéressant, et l'obtint à l'arraché.

Echec à la Mère, qui se prend pour une Dame.

Et d'une.

(2 février 2008).

Quel bonheur de retrouver le Beth Ceu (Beau ciel) béarnais ! Tiens, "beth" veut dire aussi "maison" en hébreu. Elle rentrait dans un bercail qu'elle avait choisi. N'était-ce point cette ferme et douce liberté que représentait le véritable personnage du dit Christ, revu et mal corrigé par l'intraitable et intolérant Paul de Tarse ?

La biologiste ne croyait nullement en toutes ces mythologies judéo-romano-grecques pauliniennes (de Paul de Tarse et non de Pauline), qui avaient transformé UN nazoréen en idole caprine à déguster casher. Elle trouvait aussi que Dabi manquait d'une composante "Siècle des Lumières". Elle comprit alors le rôle éclairant de Méné.

Le Royal Golf de Tridemin venait de lui signifier son refus d'admission. Pourquoi ? Parce que. Argument massue. Déjà prévenue par un coup de fil reçu à Strasbourg et venant d'un illustre inconnu collabo, elle réagit au quart de tour en envoyant un mail croustillant aux quatre coins de France et de Navarre, puis écrivit au Roi du Terrain-défense-d'entrer-comme-au-conclave. Un missive du Messire lui parvint, en réponse à son mail jugé probablement délirant par de malsaines connivences : Cette femme est aussi folle que Camille Claudel; comme nous ne pouvons l'enfermer, nous allons l'empêcher d'entrer. Arrière Satane ! Ben voyons.

Le monarque et ses troupes armées n'avaient pas tout prévu. Insensible à la méchanceté bovine (paraphrase), Pauline prit la balle au rebond et s'inscrivit au Golf du Président d'à côté, républicain.

Echec au micro-Roi , sans couronne ni fleur au fusil.

Et de deux.

(Un peu plus tard).

Le Soi-disant Dieu de Pauline marquait un point. Elle avait compris qu'Il était souvent ailleurs, non loin de l'endroit où elle Le cherchait vainement. Le trèfle à quatre feuilles s'offre parfois au regard attentif; souvent, il faut fouiner pas ici et pas là. Sympa, cette tendance pirouette-cacahuète.

-  N'allez pas me traiter de girouette, s'indigna Méné !

-  Oh non, votre Majesté pouët-pouët, répliqua Dabi qui apprenait le breton.

L'auteure savourait un petit bonheur : L'hebdomadaire Le Démocrate venait de publier une pub pour son Tome I. Son imaginaire bomba le torse afin de prendre une bonne inspiration.

Pauline se souvenait tranquillement. Quand elle ferma son laboratoire trois ans plus tôt, la fille ultra-catholique des Transports "Medicus" (ne pas confondre avec le concurrent), lui persifla un méprisant : "Mais que vas-tu faire de ta vie ?". La méchante aigrie (pléonasme) ne réalisait pas grand chose de la sienne, incapable de travailler dans l'entreprise de son père, et prise en pitié par une église locale en manque de paumé-e-s à pressurer.

Pauline avait compris que les petits non épanouis tentaient de se hausser en écrasant plus grands qu'eux. Drôle de façon de pratiquer la relativité.

Les micranthropes (du grec micro = petit et anthropos = humain) voulant grandir, choisissent tout simplement de monter sur un sycomore pour s'élever au niveau de leur Meilleur (Luc 19, 1-10). Pour ne pas être dépassés par ceux qui font des efforts, les incapables cassent le sycomore des chercheurs-trouveurs, délogeant pas la violence les hauts placés du fait de leur mérite. Fair play ? Self-contrôl ? Civilisation ? Hum.

-  Quand je suis pleinement épanouie, vous ne trouvez pas que je ressemble à une balle de golf, s'enquit Méné pour détendre l'atmosphère ?

(21 mars 2008, jour de Vendredi saint chez les chrétiens).

-  Mais c'est mon jour de plénitude mensuelle, déclara Méné !

-  Pas besoin de faire la fiérote en ce moment de deuil pour tous les chrétiens du monde, qui pleurent la mort du fils de leur dieu, se remémora Pauline.

-  Et pendant une semaine dite sainte, 1/6 ème de la population plané-terre se vautre dans les horreurs d'une cruci-fiction programmée par des déicides dont on ne sait encore s'ils méritent pardon, se permit Dabi. Ah là là ! Si Abraham n'avait pas existé, quel pied !

-  Crois-tu que le hasard soit responsable de 6 millions de morts pour 6 milliards de vivants, interrogea Pauline ?

-  C'est bientôt 9 pour les bipèdes respirants, précisa Dabi.

-  Avec le 6 et le 9, on ne va pas très loin dans la reproduction sexuée, se moqua Méné, apparemment obsédée.

Pauline et Dabi pensèrent que leur amie semblait encore sous le choc soixante-neuvien de l'alunissage du vol Appolo 11, et firent une pause.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire