dimanche 22 juillet 2012

CELA NE S'ARRANGE PAS POUR DABI (ET SI DIEU ... TOME II - VERSET VIII) !


Ah ! L'agonie, c'est parfois franchement longuet !
Pensa DABI  ...



(Novembre 2008).

En ce 4.11 (= 44, olé !), le 44 ème Président des Etats-Unis d'Amérique est un homme noir.
Quelle histoire pour les terriens ! 
Une femme, même blanche, n'est pas encore parvenue à l'investiture suprême, mais tout un chromosome (X au lieu de Y), cela fait quand même beaucoup plus de gènes que le caractère "peau noire".

Dabi l'absent eut l'audace de mettre le doute dans l'esprit de Pauline. Entre les chromosomes X et Y, il n'y a pas forcément tout un chromosome de différence, mais simplement un bout, semble-t-il, non ? Passons.

-  "Noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir", se remémora Pauline. Quel chemin parcouru, depuis la nuit américaine !

-  Permettez-moi d'émettre une réserve, du haut de mon absence, intervint subrepticement Dabi. Barack Obama n'est ni noir, ni blanc; il est pie.

-  Comment cela il épie, se courrouça Méné ?

-  Mais non, se lamenta Pauline. Le noir est la couleur du prochain pape Pie XIII.

-  Les papes Pies blancs, alors c'est fini, questionna vraiment bêtement Râ ?

-  Je crains que oui, répondit l'absence dabienne. A moins que Pie XII ne soit "blanchi" de toutes ses fautes par l'opération d'une apothéose bêtement décidée par Vaticon moins 1.

-  C'est un fleuve proche du Rubicon, questionna la trop naïve Méné ?

-  Certainement pas, s'indigna Pauline ! Moins 1, c'est gelé !

-  Et si j'envoyais un petit rayonnement chaleureux de ce côté-là, proposa Râ ?

-  Malheureux, s'écria le silence dabien ! César a franchi une fois le rut-bicon et la Gaule en est devenue italienne ! Maintenant, on nous dit que la France a des racines chrétiennes, mais en fait, la France est césarienne. Tout retour en arrière serait létal, donc est interdit.

-  Interdit par qui, s'emmêlèrent Râ et Méné ?

-  Bonne question.

-  Alors je prépare mon assaut, exulta Râ. Avec l'aide active de Phoebus, je franchis allègrement la rivière impossible, qui devient Rut-bimalin. Afin de contenter mon amie Pauline, amoureuse du 4, j'élève la température du fleuve infranchissable de 4 degrés Celsius. Logiquement, Vaticon moins 1 devient Vatican plus 3.

-  Pourquoi changes-tu la voyelle, demanda Pauline ?

-  Parce que je trouve que Ra, c'est plus joli que Ro, répondit le lumineux; c'est de la poésie.

-  Ma foi, pourquoi pas, conclut Pauline, rêveuse et satisfaite.

La crise économico-financière ne faiblissait pas. Sans héritiers directs, Pauline dépensait son argent, mais avec retenue. A une année 2008 fructueuse, allait peut-être succéder un cru 2009 moins favorable. Habituée aux soucis d'argent, elle prévoyait une disette relative. Si les lois françaises ne changeaient pas, elle toucherait sa propre retraite en 2010, à 60 ans. Enfin, angoisse niveau zéro.

Etant récemment passée à deux doigts de la faucheuse, elle n'éprouvait aucune gêne à profiter de la vie.

Elle découvrait peu à peu que la solitude ne constituait en aucune manière un handicap au bien-être. Evidemment, une telle découverte ne plairait point aux indécrottables partisans religieux de la Famille obligée, seul moyen de sanctification avec le célibat communautaire consacré à Dabi ...

-  Qu'ouis-je, onomatopa Dabi ?

C'était incroyable ! Même parti, absent, inexistant voire mort, Dabi ne cessait de mettre son grain de sel dans le courant synaptique des neurones corticaux de Pauline.

-  Tu ne trouves pas que Dabi s'impose à nous en dictateur, comme un pique-assiette, s'énerva Méné ?

-  Et pas que pour un repas frugal, acquiesca Râ !

-  Non seulement il nous plante lâchement, mais en plus il ne nous quitte pas d'une semelle, confirma Pauline. Serait-il complètement accroc ?

-  J'ai compris, pleineluna Méné ! Dabi est invisible et nous pas; voilà l'explication.

-  Très juste, admirativa Râ.

-  Ce qui voudrait dire qu'il ne sert pas à grand chose, continua Pauline.

-  Tu parles pour toi, s'indignèrent les luminaires, en pleine action rotatoire ! Dans cent ans, quand tu seras devenue invisible, nous serons toujours là, nous deux.

-  C'est Gadlu le Franc-Maçon qui vous agite de la sorte, se moqua Pauline ?

-  Ne dérègle pas mon comparse, pouffa Méné, sinon il va m'obliger à dessiner une pirouette style grand équarre. Ce n'est plus de mon âge.

Pauline demanda à l'auteure pourquoi elle n'en faisait qu'à sa tête avec l'orthographe.

-  Ce n'est pas ma faute, plaida-t-elle ! Dabi me dicte sa loi scripturaire.

-  Nous voilà bien, clamèrent en choeur trois voix mixtes, Ménéramultipôle.

Un intermède iodé breton serait le bienvenu. Le golfe du Morbihan offrait à Pauline les portes de ses méandres maritimo-terriens. Allait-elle rencontrer l'idée dabienne le temps d'un vol de cormoran ?

Sylviane et Yannick (Tome I, Editions B) se défendaient assez bien, pour le moment, contre l'inexorable horloge. Rien de visiblement grave à l'horizon pour l'instant. Bateaux sur l'eau tranquilles. Voiles en bon état. Instants de vie volés à l'éternité. Petits bouts d'air, sauvés de l'inutilité. Morceaux de réalité préservés. Îlots de présents, sortis de la mer d'inconnu.

Sylviane lui apprit brutalement le décès de Baptiste (Tome I), survenu plus de 6 mois auparavant, le 4 mai 2008. En état de choc, Pauline accusa le coup dur, asséné avec autant de violence tardive. Son demi-frère venait de mourir, à 32 ans. Overdose, suicide réussi, meurtre caché ?

Cette tragédie la confortait dans l'une de ses certitudes. Certaines maternités sont monstrueuses d'égoïsme féminin. Ce pauvre garçon, véritable souffre-douleur, était venu au monde par simple intérêt, afin de satisfaire les manques affectivo-financiers de sa mère, qui aurait bien voulu "prendre la place sociale" de Sylviane, sans enfant. Mais cette dernière avait résisté bec et ongles pour sauver sa peau, préservant coûte que coûte un faux-semblant de bonheur. Résultat : 1 mort précédé de 32 ans de souffrances, en veux-tu en voilà. Et ce n'était peut-être pas fini ...

Comment croire qu'une telle naissance résultait de la "toute bienveillance" d'une éventuelle transcendance ? Juste l'aboutissement du calcul barbare d'une sage-femme, connaissant parfaitement son cycle de fécondation, en mal de mari médecin.
Décidément, Yannick n'avait pas eu de chance avec ces dames faiseuses de mauvaises aventures ! Déjà pressuré comme un trognon par Eva, il continuait à banquer pour ce fils non désiré, non voulu, demi-frère malchanceux de Pauline. Sylviane avait résisté jusqu'au bout, jusqu'à la mort de Baptiste. Bravo ? Hum ...
D'un commun accord, Sylviane et Yannick n'avaient pas fait d'enfant. En fait, gifle pour Sylviane. Au fil du temps, elle avait tissé des cordons de dépendance la reliant à son mari, devenu son "fils" car malade.
Baptiste n'avait pas reçu sa dose de résilience à la naissance.
Requiem programmé. Tristesse.

-  Dis Dabi, implora Pauline ...

-  Halte-là, rectifia Méné ! C'est trop facile, ma cocotte ! Si l'on ne t'avait pas révélé la mort de Baptiste, tu n'appellerais pas Dabi à l'aide. Totale auto-suggestion.

-  Tu as raison, convint Pauline.

Sic, confirma Râ.

-  Mais quand même, insista Pauline ...

-  Taratata, cinconvolutionnèrent les luminaires ...









dimanche 15 juillet 2012

REQUIEM DABI, PREUVES A L'APPUI (ET SI DIEU ... TOME II - VERSET VII).



Résumé des versets précédents :

Pauline découvre avec tristesse que le Dieu de son enfance naquit dans le cerveau de ses ancêtres, quel que soit leur lieu de naissance terrestre.

Le surnommant DABI afin d'insister sur ses quatre principales composantes culturelles, elle s'en remet à l'éternelle et donc rassurante lumière des deux astres rythmant nos vies, le soleil Râ (Egypte ancienne) et la lune Méné (Grèce antique).

Aimant les expériences faisant évoluer la connaissance de l'être humain, elle imagine la disparition de DABI, ce qui semble facile puisque cette tétranité relève de l'hypothèse.

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Toujours endormie, Pauline s'envolait, grisée par un incontrôlé apaisant, une déraison salutaire, une folie bienheureuse, une étonnante évasion in situ.
Elle avait remarqué sa petite chienne Ethique bouger et couiner en plein sommeil paradoxal. Etions-nous encore capables de manier des concepts d'abstraction en l'absence de réflexion consciente ?
-  Alors c'est cela le Paradis, s'émerveilla-t-elle ! Ne ressentir que le bon, sans contrainte, ne rien désirer que l'on ne possède déjà puisque personne n'est en manque, être comblé et le savoir.
-  Tout en tous, c'est en effet mieux que rien en personne, pléonasma l'évanescent Dabi.
-  Cela me rappelle quelque chose, sommeilla Pauline.
-  Si tu es aux cieux, même via Morphée, tu n'as plus besoin de mémoire, émit l'aérien tétralettré.
-  1 Co 9, 22.
-  Et si tu lis 1 Co 9, 23 (pour les non-initiés : Nouveau Testament. Première Epître de Paul de Tarse aux Corinthiens, chapitre 9, verset 23; ce texte est un monument de beautés et de stupidités, typique du paradoxe humain), tu comprends que Paul se démène comme un beau diable pour en avoir sa "part", du tout ... Bel égoïsme du don !
-  Restons zen, en harmonie avec nous-mêmes, bailla Pauline.
-  Depuis l'avènement de la musique moderne, j'ai du mal à garder mes quatre mélodies intimes sur leur portée respective, dissona Dabi.
Le chien du voisin aboya en do majeur et le fils d'Hypnos s'envola vers d'autres contrées. Pauline se réveilla, mal à l'aise. La pendule affichait 7 heures du matin. Râ vaquait à ses occupations chaleureuses. Méné grasse-matinait peinard. Dabi avait disparu.
Insatisfaite, Pauline s'exerçait à des comparaisons. Papa est vivant mais absent (nous sommes en 2008, ndl'auteure), Mamé (grand-mère chérie, mère de papa) est décédée. J'y pense donc ils sont, se dit-elle un brin cartésienne. J'en déduis que la mort du corps n'empêche pas de vivre dans l'esprit des vivants.
-  Ou dans leur rêve, leur imaginaire, leur mémoire, rectifia Dabi, le non-être auquel songeait Pauline.
Ouh là là ! Nous sommes sur une pente savonneuse. Je réfléchis à Dabi. Il fut, est, ou sera, accompli ou non pour les hébraïsants, ce qui signifie terminé ou non, que ce soit avant, pendant ou après, peu importe le moment. Or, Il est parti. Quel-le est-Il-Elle ? Où est-Il-Elle ? Va-t-Il-Elle quelque part ?
-  J'y suis, j'y reste, macmahona Dabi.
Comment peut-on rester là où l'on n'est pas ?
-  En revenant sur ses pas mais sur place, fusa Méné inspirée.
Les synapses corticales de Pauline frôlaient leur vitesse maximale. L'auteure se sentait survoltée. Attention, danger court-circuit.
-  Cherchez, vous trouverez, jésuchrista Dabi (Matthieu 7, 7 ou bien Luc 11, 9).
Facile à dire, pensa Pauline. Que trouver si l'on ne sait quoi chercher ?
-  "Tout le monde recherche d'être heureux, cela est sans exception", blaisepascala Râ.
Pas besoin d'être né au XVII ème siècle chrétien pour en arriver là !
-  Euréka, archiméda Dabi.
Mais c'est inouï ! Voilà qu' "Il" "se" trouve, maintenant !
-  G'nauti séautone, socrata Méné.
Certes, certes, mais avec la technique de Sigmund, cela coûte très cher.
Depuis que nous avons découvert avec certitude que nous ne sommes pas grand chose dans l'univers, nous cherchons nos ancêtres pour nous rassurer, nous ancrer en une roche de solidité originelle. Les généalogistes peuvent se frotter les mains.
-  Misère, soupira Râ ! J'imagine mal l'arbre foisonnant de mes descendants. Quant à mes ascendants !
-  Et moi donc, répliqua Méné ! Tout cela n'est que billevesée de vertébré sexué !
Pauline peinait à mettre de l'ordre dans ses réflexions. Cela partait dans tous les sens.
-  Comme les rayons de moi, se dispersa Râ.
L'auteure gardait le fil. En résumé, Dabi avait pris la poudre d'escampette, jouant les oncles d'Amérique.
Pauline s'évertuait à définir les caractéristiques de son néant, afin de mieux dessiner les contours précis de son existant.
Elle ne comprenait pas, la pauvrine, que le flou artistique modèle l'au-delà de l'être, qui n'est pas forcément sa négation. Râ et Méné l'aidaient à garder son bon sens, à rester les pieds sur terre.
Il valait mieux ne point "perdre l'esprit" avant de "rendre l'âme", histoire de ne pas gâcher le prêt (et non le cadeau, puisque la vie se paie souvent très cher en intérêts-douleurs, nous le savons tou-te-s).
Elle fit un court séjour à Paris, le temps d'admirer la Place des Vosges enivrée de soleil et le cheval de Louis XIII emballer son immobilité.
Etonnante impression de mouvement, sans motricité réelle.
L'art permettait une communication de sensations entre les êtres humains, souvent plus directe et donc universelle que l'écriture pédagogique.
Finalement, les religions des Livres avaient fait leur temps.
Contrairement au dicton populaire, les écrits ne restent pas,  car ils représentent souvent la preuve des erreurs passées de la pensée humaine.
L'auteure écrivait dans le TGV Paris-Dermate.
-  Vu d'en-haut, ton ver de terre métallique fait du surplace, railla Râ.
-  Ce qu'il vous faut inventer pour combler vos insuffisances par rapport à vos exigences, enremitunecoucha Méné !
-  Vous devriez nous féliciter de notre ingéniosité au lieu de vous gausser, s'énerva Pauline, consciente du ridicule cosmique de sa soi-disant avancée ferroviaire.
-  Heureusement que nous n'empruntons pas les transports en commun, s'exclamèrent Râ et Méné ! La mondialisation serait cul par dessus tête pour de bon. Point besoin de krach boursier pour arriver au chaos terrien.
Dabi effleura les pensées.
-  L'attraction universelle mutuelle vous empêche de divaguer comme nous, s'émut Pauline, trouvant que c'était là une jolie définition de l'Amour avec un grand A.
-  Point trop n'en faut, rectifia Râ. Qui s'y frotte s'y brûle les ailes d'Icare.
-  Qui trop embrasse est "mal armé", pontifia Méné la poétesse.
-  "Mal être un", lacania Pauline amusée.

Bien vivre seule, n'attendre rien d'autre qu'humer l'air de son propre temps d'à venir, effleurer l'harmonie du soi, frôler l'accord ontologique parfait, devenaient pour elle la plus douce des armures.
Elle avait trouvé sa devise :
Seule suis née, indépendante suis devenue.
C'était un pied de "nez" à certaines fraternités dont l'initiation commençait pas le "né" libre.
Pour satisfaire sa curiosité, elle lisait des ouvrages sur la Franc-Maçonnerie. Elle n'allait tout de même pas remplacer Dabi par Gadlu, d'autant que l'Architecte était fils (et non fille, ben voyons) du i de Dabi.
Les mystères de l'Eglise et les secrets du Temple ressemblaient diablement à un retour aux sources vers l'opacité intra-utérine primitive, soit l'inverse d'une re-naissance, d'une ré-surrection, d'une ré-génération. Les "enfants de la veuve" tuent le père en gardant la mère. Or, pour devenir libre, il faut quitter les deux.
En relisant Genèse 2, 24, elle comprenait que l'homme et la femme constituent les deux versants du même humain. Reprise en Matthieu 19, 5 cette péricope (court fragment d'écriture en exégèse) perdait son sens premier, sous l'influence de Paul de Tarse.
En hébreu vétéro-testamentaire (Ancien Testament), cela voulait dire ré-union des deux évidences d'un seul être, et en grec néo-testamentaire (Nouveau Testament), cela devenait union entre deux êtres sexuellement différents, condition sine qua non, à l'époque, pour faire des enfants; ce qui est un peu réducteur.
Après réflexion logique, il semblait possible d'utiliser et mélanger les deux concepts. Pauline en conclut qu'un couple réussi résultait de l'union entre deux êtres réunis en eux-mêmes. D'où l'extrême rareté du phénomène.  Ce n'était donc pas une question de sexe ni de sexualité, mais d'unité de l'être. Quant à la fécondation, elle se faisait déjà in vitro. En attendant l'utérus artificiel, libérant les femmes le désirant.
Relisant 1 Co 6, 15-20, elle comprenait l'énorme contresens effectué par Paul de Tarse. Aveuglé par la certitude d'avoir vu en songe le Sauveur avec un zizi, il jetait l'anathème sur l'autre sexe. Entre l'union avec la prostituée (donc la femme en général) et celle avec le Christ ressuscité (donc le mec-dieu désincarné, à savoir dieu le fiston enfin redevenu dieu le papa dans les cieux), il n'y avait pas photo dans l'échelle des valeurs, ben voyons.
Pauline découvrait d'où venait le rejet définitif de la dame dans la spiritualité chrétienne : Paul de Tarse l'avait écrit ! Empêcheuse de tourner en rond, la Femme osait se substituer à Jésus le Sauveur pour détourner l'union de l'homme-mec à l'Esprit de son Créateur (car c'est bien connu, une créatrice spirituelle, cela n'existe pas).
Tout être humain doit, pour fusionner avec l'Esprit (Saint) de son Créateur, en passer par le Corps (et le Sang) d'un homme-Fils XY, le Christ.
Pauline en déduisit que Jésus était le "mec-vé", bain purificateur nécessaire à toutes les femmes en âge de procréer, ontologiquement impures car sans Y, et aux hommes qui avaient eu la faiblesse coupable mais réparable de s'unir à elles, voire entre eux.
Dans la Trinité chrétienne, trouver la Dame relevait de l'entêtement psychiatrique puisqu'elle était une plante à peine améliorée. Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Esprit-Saint. Vive la femme ! Les messieurs avaient tellement peur de perdre leur virilité phallique (zizi circoncis ou non) qu'ils préféraient la dés-érotiser, pensant à tort que la sexualité étant la vie (là oui), l'absence de sexualité était donc la non-mort (là non). Pour échapper à thanatos (décès en grec), les hommes-mecs (dieu les fils) retournent vers leur originel, leur créateur, leur début, leur fondateur nourricier, leur transmetteur de chromosome Y, leur matrice masculine (dieu le papa).
Afin d'éviter tout dérapage incestueux pédophile nauséabond, les inventeurs de la Trinité chrétienne trouvèrent une arme gynécolytique (tueuse de femme en grec) imparable; les sexes physiologiques du père et du fils disparaissent et sont remplacés par un symbole phallique sublimé spirituel, permettant un subtil mélimélo. L'original se donne à sa réplique et s'en nourrit. Génial ! D'ailleurs, chez les chrétiens non protestants, cet esprit redoutablement efficace féconde Marie Myriam, ni vu ni connu.

Pauline se demandait d'où venait le chromosome Y de Jésus.
C'était devenu une question majeure quant à l'historicité de ce Sauveur au masculin.

Finalement, Pauline ressentait une émotion tendre face à la terreur de la plupart des hommes à l'idée de perdre leur virilité physiologique. Quel dommage de la limiter à un zizi même sublimé !

Un bonhomme, c'est bien mieux que ce qu'il pense de lui, se dit-elle.






samedi 7 juillet 2012

VIVE LA VIE !

Et zut, il y a un faux pli à ma manche courte droite !

Allez, tant pis ...



A SUIVRE ...

jeudi 5 juillet 2012

EXIT DABI (ET SI DIEU ... TOME II - VERSET VI).



EVANOUISSEMENT DE LA BULLE DABIENNE.



En prenant du recul, nous étions bien obligés de constater que Dabi, fruit de la pensée masculine, n'arrivait pas à pacifier ses quatre points papaux.

-  Cardinaux, corrigea Pauline, mais c'est tout comme.

De ce fait, chacun de ses quarts tirait la couverture à lui.

-  Nous sommes loin de la grandeur d'âme d'un Martin apothéosé, capable de donner la moitié de la sienne à un miséreux, intervint une Méné moralisatrice.

Rongé de mauvaise conscience virile, le Roi Râ ne pipait mot. Sans lui, en serions-nous là ? Ambiance pesante. Impossible de faire demi-tour en pleine attraction universelle. Nous étions dans de beaux draps.

Fallait-il regarder la lutte intérieure et déchirante entre les quatre éléments de Dabi sans agir ? Avions-nous un droit d'ingérence en son chaos intime ? 


Pauline se demandait à quel saint se vouer car elle en voyait plein partout; des jaunes, des noirs, des café au lait, des blancs, des basanés, des rougeauds, bref un véritable patchwork. Certes, les bleu et vert manquaient à l'appel, mais cela montrait que tout ce petit monde ne souffrait ni de troubles cardiaques provoquant cyanose, ni d'une affection grave de la vésicule biliaire. Coeur et foi(e) demeuraient intacts.


Nous nous trouvions devant un cruel fait accompli : Désarçonné, Dabi s'était fait la malle.


Méné, Râ et Pauline organisèrent LA réunion du SIECLE, rue du faubourg de la Voie Lactée. Sans Dabi, ils n'avaient pas grand prières à se mettre sous la dent. Finis les sacrifices bovins et caprins, terminées les offrandes, au diable les nuits d'adoration teintées d'ex voto, adios les temples et leurs maçons.
DésOeuvrés, les dieux n'en "foutaient" plus une rame. Le navire battant pavillon "Opera deorum" coulait à pic (jeu de mots, ndl'auteure).


-  Gardons notre sang-froid, zéna Pauline.


-  Facile à dire, répliquèrent Râ et Méné, qui n'y connaissaient rien en angéiologie.


L'heure était grave. Les deux clartés célestes firent remarquer qu'elles n'avaient pas encore perdu la boule. A la bonne heure, pensa l'auteure en contemplant son réveil : Tic-tac, tic-tac. L'absence du Tétral n'empêchait pas l'obsédant déroulement du temps.


Pauline se sentait orpheline. Dabi n'était pourtant ni son père, ni son frère, ni son petit ami. Le cygne du Tome I remonta le cours de sa mémoire.

(A propos, pour ceux que cela intéresse car ce livre n'est probablement plus disponible :
C'est désormais gratuit, youpi ! Fermons la parenthèse ...).

A Dermate, elle ne voyait que des pies, des moineaux et des corbeaux. L'oiseau blanc revenait à tire d'ailes, imposant en sa royale absence la majesté de sa toute réalité historique (et zut, je préfère mémori-elle).
Fichtre de l'Être et du Néant, pensa Pauline ! Le sapin phénoménal (clin d'oeil kantien), offert à son regard par sa fenêtre, servait réellement de perchoir à ses amis plumés. Nul doute la-dessus.



C'est bien gentil d'écrire des tonnes de livres sur l'éternelle irréalité du visible, la probable certitude de l'existence de l'invisible, voire la vérité ontologique du virtuel. Mais quand je glisse sur une peau de banane, laissée volontairement sur mon chemin par une altérité "sympa", ni ma chute ni mes hématomes ne sont imaginaires.
-  As-tu déjà palpé la pesanteur, aurait fait remarquer Dabi ?

Râ et Méné ne pouvaient plus aider Pauline; elle le comprit. Espace et temps ne comptaient plus. Totale et éternelle solitude.

Elle avait appris que certains animaux pressentent les catastrophes naturelles. Par exemple, les éléphants possèdent des récepteurs ultra-sensibles à l'endroit où leurs grosses pattes entrent en contact avec le sol (plante des pieds chez nous). Ainsi peuvent-ils anticiper et éviter les ravages d'un tsunami. Le plus gros mammifère terrestre hors l'eau, herbivore et non carnassier, pataud et subtil, nous apprenait-il un brin de civilisation ?

-  Sans aller jusqu'au matriarcat exagéré, les femelles jouent un rôle majeur dans l'organisation sociétale éléphantine, aurait précisé Dabi. Ce n'est pas pour te déplaire, non ?

Pauline se demandait si les mammouths n'avaient pas disparu du fait d'une mutation de leur gène ternaire codant "moumoute-caput-réchauffante", au niveau du troisième locus (voir Wikipédia), avec apparition de "absente" au lieu-dit "réchauffante". Les paléontologues connaissaient une grande partie du passé de ces mastodontes. Pouvait-on reconstituer une carte génétique précise grâce aux fossiles ? Les éléphants actuels, très intuitifs et dépourvus de pilosité excessive, descendaient-ils des mammouths par perte d'un chromosome Y surnuméraire ?

-  Prendre ses désirs pour des réalités ne constitue pas une attitude scientifique rigoureuse, se serait permis Dabi. 

Pauline songeait à Charles de Gaulle. Elle aurait aimé que ce grand homme ne fut point très "poilu", malgré sa présence à la guerre de 14-18. Elle le comparait à un éléphant; un peu mal-voyant et pourtant visionnaire. Il lui semblait inimaginable qu'une française ne soit pas gaulliste. Le droit de vote pour les femmes en Gaule, ce fut qui ?  

Nous étions le 15 août 2008. Donc fête des Editions du Chevalier sans peur et sans reproche. Pauline avait remarqué un panneau publicitaire des magasins Dupré, vantant leur ouverture en ce jour sacré. Or, la famille Leblé, propriétaire de ce trust sentant bon l'oseille, ne cachait pas ses idées catholiques prononcées. La pauvre Vierge Marie s'accrochait aux ailes de son ange gardien pour ne pas sombrer dans le néant de l'impiété argentophile. Le symbole matriarcalodivin disparaissait devant l'attrait de l'Ecu de France devenu Euro. Crésus possédait-il une vierge-mère dans son panthéon ? Chez certains chrétiens idolâtres, la Trinité masculine retrouvait une quatrième branche chromosomique formant un X, grâce à l'apparition d'une Reine-Mère. Ne soyons pas dupes et souvenons-nous qu'un seul X ne représente qu'une moitié de femme, voire rien du tout.

Pour des raisons de bon sens pratique, la ferveur populaire européenne (and CO ... LONIES) transformait Myriam la juive mère plus toute jeunette du petit Jésus, en une jolie, pure et neuve dame du XIX ème siècle victorien (donc après Lui et Elle, un comble), les yeux levés au ciel en signe d'adoration de son MAÎTRE et SEIGNEUR, les mains jointes entourées d'un chapelet Ô combien anachronique, douce chaîne mais chaîne quand même.

Que de fantasmes masculins refoulés et curieusement sublimés !


Pleine d'ardeur, Pauline décida de s'inscrire au GRANDISSIME Prix du Golf de Tridemin. S'attendant à une manoeuvre visqueuse du président, elle fut très surprise d'apprendre l'acceptation de sa participation. Il est vrai qu'il n'y avait que 22 inscrites sur les 39 possibles. Elle ne trouva aucune des joueuses de l'ancienne équipe féminine, dont elle avait fait partie quelques années auparavant, et qui l'avaient prise en grippe, haïe, massacrée, éjectée. Les Amis de Pauline s'étaient-Ils mêlés de cette sombre histoire de jalousie hystérique ? Elle se rappela qu'un jour de Championnat de France Dames par équipe, dans la voiture qui les menait au lieu de la compétition, Pauline avait regardé le ciel et vu un nuage dessinant exactement les contours d'une carte de la France. Elle avait crié son enthousiasme. Mais ses partenaires, jeunes femmes-filles pourries-gâtées et mal dans leur être, traitèrent sa joie de vivre avec dédain. Cinq ans plus tard, certaines d'entre elles, toujours aussi médiocres et hostiles, ne brillaient pas d'une humanité enfin trouvée.
Aujourd'hui, aucune ne participait au grand prix. Pauline en avait compté quatre; les autres avaient quitté le golf de Tridemin.


Ayant perdu un gros atout, le président manifesta tout de même sa hargne de catholique "charitable". La veille du premier jour de la compétition, Pauline reçut un courrier pervers de sa maison d'éditions (Tome I). Le chargé de communication (curieusement viré depuis, ce qui est un bon point pour le directeur de la dite maison d'éditions) lui envoyait des félicitations pour une "belle promotion" effectuée pour sa rencontre-signature, par l'exceptionnel quotidien local, l'Eclairage républicain. Soit deux minuscules lignes d'annonce, parues deux mois auparavant. Pauline comprit qu'il s'agissait d'une manoeuvre de déstabilisation et pensa que David (Tome I) le pervers ne devait pas être très loin. Le président utilisait donc son ancienne influence médiatique pour compenser l'absence des anciennes coéquipières nauséabondes de Pauline, bavant encore son vitriol. Coulé. Pauline joua bien, passant le "cut" à l'arraché, faisant évoluer son "index" (Cf Golf sur Wikipédia) favorablement de 8,8 à 8,1 après quatre jours de jeu. Elle était la plus âgée et la moins entraînée. Jolie coïncidence : Elle joua 44 coups de plus que le "par" en 4 parcours ... Feu d'artifices de tétranités !


Pauline dégustait la manifestation discrète de ses amitiés solides. Mais ce beau soutien humain n'expliquait pas tout.


-  Youpi, Dabi ne nous a pas trahis, exulta Méné !


-  Je te signale que Dabi, c'est fini, r i ri comme Capri, répliqua Pauline avec l'ironie d'un désespoir voilé.


-  Ce n'est peut-être pas définitif, tenta Râ ?


-  Nous devons nous débrouiller tous les trois, sans ses quatre quarts, continua-t-elle avec courage.


-  Si nous considérons que 44 au-dessus du "par" ressemblent un peu à un "quatre-quatre", essaya Méné, cela nous mène ...


-  Et vlan s'énerva Pauline ! Vous n'allez tout de même pas me faire le coup du Sermon sur la Muraille de Chine, avec choeur des charismes béats renouvelés ! Ras le riz !


-  Tu trouves que j'ai les yeux bridés, plaisanta Râ ?

-  ...


Le brusque silence de Pauline ne leur dit rien qui vaille. Râ et Méné plièrent bagage, pressentant que ce n'était pas le moment de la "ramener".


Pauline venait de recevoir le dard de Morphée, qui lui prit l'esprit, mine de rien. Elle se retrouva doucement enfouie dans un nuage franchouillard en roudoudou blanc sentant bon la doudoune. Trève en rêve flou.


Elle partait à la recherche du sens des formules "à contre-coeur", "la mort dans l'âme". Etait-ce l'inverse de "à coeur ouvert", "vie éternelle" ? "Contre son gré" définissait-il une liberté entravée et donc la Liberté ? "Contre mauvaise fortune, bon coeur" pouvait être interprété comme une résignation négative du genre "à quoi bon ?". Elle mesurait la richesse du code de communication humain, compliqué de son lot d'interprétations multiples, de non-dits et mal-entendus. Effondrement de la Tour de Babel, Esperanto ou langage des signes, quelle importance ? L'essentiel est de se reconnaître dans le vécu, le ressenti, le pigé transmis par les vivants qui nous ont précédés.


-  Les aveugles comprennent-ils les histoires sans parole, demanda l'onirique Dabi ?


-  Alors je te retrouve dans la petite mort de Morphée, touthautrêva Pauline ! Où sont tes ailes célestes ?


-  Evanouies dans l'apesanteur de ton inconscient, répondit Dabi le muet.


Courant au plus vite pour fuir le réveil, Pauline sentait ses jambes s'alourdir, s'appesantir sur le sort terrien. Bien installée dans le sommeil, elle cessa de lutter.


-  Pourquoi dormons-nous, se demanda-t-elle ?


-  Bonne question, se répondit-elle.


-  Tu crois vraiment que Râ et moi sommes au repos le tiers de notre temps, voixd'outretomba Méné ?


-  Elle est bien bonne, celle-là, s'indigna Pauline même endormie ! C'est vous qui nous imposez le cycle nycthéméral !


-  Le quoi, s'enquit Râ ?





dimanche 1 juillet 2012

EPIPHANIE DE DABI (ET SI DIEU ... TOME II - VERSET V).



AÏE ...


Pauline n'était pas dupe. Elle comprenait les limites de l'amour humain, parfois sublime mais animal (idée du grec eros), et celles du désir de se sentir inondée par une miséricorde divine rassurante auto-construite (idée du grec agape), par définition invisible et donc non prouvable.

-  Ce n'est pas à moi de te le dire, intervint Dabi, mais "cela" fait un peu auto-suggestion.

-  Je ne le sais que trop, répliqua Pauline. C'est l'histoire de l'absent présent !

-  La nuit, je suis toujours là et l'on ne me voit pas, s'immisça Râ.

-  C'est de la présence absente, corrigea Dabi.

-  Et le jour, on peut m'admirer quand je prends un bain de soleil, minauda Méné.

-  Là, c'est de la présence présente, s'énerva Pauline.

Décidément, la Raison l'emportait et faisait tourner la mayonnaise du rêve. Dabi en rajoutait dans la lucidité, ce qui assombrissait le tableau.

-  Les faux-semblants, alors, c'est un coup de Lucifer, idéedegénia Pauline ?

-  Celui-là, il nous met des bâtons dans les roues de rayons, fustigèrent Râ et Méné !

-  Vous l'avez déjà vu, s'intéressa Dabi ?

-  Non, car c'est l'éternel présent absent, toujours ici et jamais là.

En réfléchissant en son for intérieur, DABI vit IBAD, son double, son inversion ontologique, son être à l'envers, son ineffaçable reflet.

-  Nous y voilà, chantèrent en feu d'artifices Râ et Méné, qui n'avaient rien perdu du recto-verso tétragrammique.

-  Je ne vous comprends pas, implora Dabi le dédoublé schizo-freiné.

-  N'oublie pas que tu es une créature humaine, mon ami, commença doucement Méné.

-  De ce fait, poursuivit Râ, tu es le fruit d'un ensemble de réflexions limitées.

-  Avec le pour et le contre, remarqua Méné manichéenne.

-  Et vous deux alors, s'exaspéra Dabi ?

-  Nous ne sommes pas des créatures virtuelles, mais des réalités.

-  Ce qui signifie, questionna Pauline ?

-  Que Lucifer n'est qu'une chimère de miroir, donc une irréalité, affirmèrent les lueurs galaxiques.

-  Alors IBAD n'existe pas pour de vrai, se rassura Dabi, perclus de doutes métaphysiques sur son origine ?

-  Oui et non, continua Méné, un chouia bipolaire et normando-béarnaise. En fait, lucibad nous gêne à peine; étant seulement dans les esprits, il brille par son absence.

Il faisait un temps magnifique. Pauline décida de s'absenter du présent quelques heures, le temps de "remettre son esprit" à l'ère du réel, mélodie rythmée par les rondeurs célestes de l'univers. Dabi l'accompagna, se fit tout petit, et la remercia de l'avoir délesté de son lourdingue Y surnuméraire.

-  Que le diable s'emporte, plaisanta joyeusement Pauline !

L'auteure n'en menait pas large. Dans quelques jours, elle présenterait son premier (et dernier ?) livre, lors d'une rencontre-signature organisée à Dermate. Les médias locaux ne firent aucune publicité, mise à part une vague annonce dans l'Eclairage républicain, quotidien peu lumineux. L'un des rédacteurs en "chef adjoints" connaissait très bien David (Cf Tome I, Editions B); de plus, le nouveau président du golf de Tridemin y avait sévi en tant que journaliste. Pauline s'amusait, mais avec gravité. Car tout de même, nous flirtions avec la perversion.

-  Tu crois que l'on va porter plainte contre moi, demanda Pauline ?

-  Cela mettrait la dernière pincée d'aromates dans notre salade, lui répondit l'écrivaine, interpellée.

-  Penses-tu que je sois virtuelle, continua Pauline ?

-  Entre nous, ta réalité offre son inspiration créatrice à mon imaginaire, confia l'auteure.

-  Si j'avais su, je serais venue plus tôt, conclut Pauline.

Mal cachée dans un cèdre centenaire, une pie voletait de branches en tiges. Elle s'amusa gaiement puis s'enfouit dans son nid. Tout verdoyait tendrement, à profusion. Pauline humait, admirait, se laissait emporter par le bien-être.

-  Tu sais, Dabi, j'aimerais dire merci.

-  A qui, à quoi ?

-  Je comprends pourquoi tu existes; tu n'es que la résultante de nos pensées mais tu réponds à notre besoin d'exprimer notre trop-plein d'émotions.

-  C'est pourquoi la souffrance demeure mon pire ennemi, intervint Dabi. Je donne du sens au beau, mais pour le laid, que suis-je ?

-  Le revers de la médaille, répondit Pauline.

-  Las ! Tu te défiles avec un jeu de langage. Le bon et le mauvais existent car tu en as l'expérience. Tu donnes alors une origine divine (mettons dabienne) au Bien, au Meilleur voire à l'Idéal mais pour le Mauvais, le Pire ou la Bassesse, tu es coincée.


-  Cela me fait penser à une pie, dit Pauline. Cet oiseau est blanc et noir, mais pas blanc plus noir ce qui ferait gris.


-  Allons plus avant dans ta recherche zébréimorphe, força Dabi. Le blanc et le noir peuvent cohabiter distinctement. Supposons qu'il en soit de même avec le bien et le mal.


-  Je te suis pour l'instant, anticipa Pauline.


-  Imaginons que le noir, symbole des ténèbres et de l'enfer, disparaisse du plumage de l'ailée.


-  C'est une pie albinos !


-  Ou mieux, une colombe, désignant paix, bonheur absolu. Et si le blanc s'enfuit, demanda Dabi ?


-  C'est une pie gabonnaise !


-  Ou mieux, un corbeau, signe péjoratif, oiseau de malheur. Attention au racisme basique, Pauline !


-  Finalement, je préfère les tourterelles, entreparenthésa Pauline.


-  Nous avons donc quatre possibilités, continua Dabi imperturbable : Le tout blanc, le tout noir, le blanc et noir, le gris.


-  Dame, se moqua Pauline, nulle au jeu d'échecs.


-  Soit le bien, le mal, le médiocre et ?


-  ...


-  La nature humaine, plomba cruellement Dabi.


-  Oui, concéda Pauline. Mais le noir serait-il aussi foncé s'il n'y avait pas de blanc ?


-  Nous parlerons de la relativité plus tard, dictatoria Dabi.


-  As you like it, celta une Pauline pacifiste. Certains individus éprouvent du plaisir à avoir ou faire mal. En existe-t-il qui souffrent d'être ou rendre heureux ?


-  Ouh mais tu brûles les étapes, calma Dabi ! Nous en sommes à définir des paradigmes.


-  Des quoi, s'effara Pauline ?


-  Des mots qui expriment une idée de référence, précisa Dabi pédagogue.


-  Quelle pie plette, maugréa Méné, quelque peu jalouse de ne pas être conviée à la discussion.


L'été brillait sans gloire. Après plusieurs remplacements dans le centre de la France, Pauline profitait d'une période de repos en Bretagne. Finie la pie, bonjour la mouette !



L'humour restait de mise en son humeur galipette. Après deux mois d'absence, elle retrouverait bientôt Dermate.

Quelques péripéties pimentaient son retour. Elle avait envoyé aux plus grandes revues golfiques francophones, un texte cocasse et sévèrement moqueur dénonçant les méfaits du Comité (avec un immense C) de Direction (avec un méga D) du Golf (avec un giga G) de Tridemin (est-il besoin d'imaginer la grandeur du T ?). Le célèbre mensuel Mondogolf avait publié son texte. Quelle publicité ! De ce fait, le président (avec un petit p) n'avait pas hésité à la menacer par lettre recommandée de saisir son avocat. Bonjour la non-intelligence dénuée de toute subtilité rieuse ! Comme toujours, Pauline recevait des claques, le DENONCAIT haut et fort, ce qui provoquait sa mise à mort, décidée par une meute aigrie, passionnée de corrida. Mais ses amis la hissaient vers des hauteurs qui rendent minuscule la méchanceté humaine.
L'ascension devenait son meilleur bouclier.

-  Ce n'est pas mal vu le coup de la montée aux cieux. Les ailes angéliques semblent plus efficaces que celles de l'autruche, laïcarda-t-elle.

-  Façon de voir, répliqua Dabi le rusé. Là-haut, tu peux rencontrer un rapace et en bas une taupe.

-  Heureusement que je suis là pour éclairer vos ténèbres, pontifia Méné.

-  Tu crois vraiment que la taupe a besoin de nous, rectifia Râ ?

-  C'est tout de même un monde, se lamenta Pauline ! LE ciel, aérien, libertarien, divin au masculin, LA terre, poussière, misère, humaine, au féminin.

-  En gaulois, précisa Dabi incollable en Loi salique et en BD. D'ailleurs Obélix est l'incarnation de l'Obélisque de Paris.

-  Normal, intervint Râ, en pleine crise de machismite subaigue, puisque la potion magique est une décoction de chromosomes Y.

-  Comment le sais-tu, soupçonna Pauline ?

-  "A-t-on idée" de ne point faire le rapprochement entre la Place de la Concorde et mon auguste personne, haussalesépaula Râ !

-  Amen Office 4, brindefolia Pauline.

-  Ne serait-ce point un ancêtre de Pl-Aton, insista Râ, persuadé que seul Michel Onfray comprendrait son astuce entre guillemets ?

Pauline fit signe à l'auteure que tous ces jeux de mots pseudo-historico-philosophiques ne feraient pas une bonne promo pour la vente de son Tome 2.

-  Tome comme Saint Homme, susurra Dabi avec un énorme accent toulousain.

-  Ou bien comme Thomas, s'amusa Pauline.

-  D'ac, conclua Râ, dont la couleur virait au Daquin clair.

A force d'écrire, l'auteure avait des fourmis dans les jambes, qu'elle décida de dégourdir. Ah le golf de Laden ! Quel lavage de cerveau bienfaisant, ré-équilibrant le flux des neuro-médiateurs ! Total bonheur, s-Elf control. Pauline contemplait une carte de la terre, à plat, en deux dimensions, surprise d'une union entre exactitude et fausseté. En se perchant brièvement sur son balcon, une pie voleuse s'envola vers les profondeurs de son rêve. Non loin du détroit de Béring, le dessin des côtes de l'Alaska ressemblait au Finistère de ses ancêtres.

N'y avait-il rien d'autre qu'un compas, une équerre et une horloge ? Même la lumière intellectuelle dirigeante se trouvait réduite en équations dogmatiques depuis "le Siècle"! En vertu de quelle supériorité autoproclamée, certains esprits se trouvaient-ils plus éclairés que d'autres ? Madame la pie lui offrait le clair-obscur, le flou artistique, la radiation tamisée. A vol d'oiseau, son être oubliait les frontières de la réalité. L'absence trace les contours de la présence.

Pauline revenait à Dermate, profitant de la douceur estivale, loin d'une foule assoiffée d'elle-même. Palpable, le temps se déroulait avec lenteur. Elle le dégustait avec une fébrilité canalisée, une intensité tranquille.

-  Tu nous fais souvent le coup du paradoxe, intervint Dabi.

-  C'est mon arme contre l'établi pour toujours, le correct à perpétuité, le dogme pléonasmiquement éternel, le non évolutif, argumenta Pauline.

-  Certes, mais cela nous met dans un état de tension permanente, avec risque de disjonction, répondit Dabi.

-  Orage-désespoir, pétalesplomba Pauline, qui ne savait plus si son inconscient lui rappelait Racine, Corneille ou bien Victor Hugo.

-  "Ô rage, Ô désespoir, Ô vieillesse ennemie !", n'est-ce point de Molière demanda Méné ?

-  Quelle tristesse que l'ignorance féminine, se lamenta le mec Râ !

-  Nous venons juste de commencer nos Humanités, s'exclamèrent Pauline et Méné ! Nous avons des excuses. Et vous, qui étudiez depuis la nuit des temps, pouvez-vous éclairer nos lanternes ?

-  Hum, maugréa Dabi. N'est-ce pas de Charles de Gaulle, la vieillesse ennemie ?

-  Et plouf, bonjour le naufrage de ta mémoire, perfida Pauline qui connaissait bien Rouen, ville natale de Corneille.

Le visage de Râ s'illumina joliment.

-  J'ai trouvé, rayonna-t-il ! C'est un extrait du Cid errant.

-  Quel bazar sidéral, répliqua Pauline ! Hubert Reeves en serait sidéré.

Les olympiades de Pékin venaient de commencer. Pauline n'avait pas de télévision pour éviter d'empâter ses corps et neurones. Les médias affirmaient que le Dalaï-Lama se rendrait en France, justement durant les Jeux. Quel casse-tête chinois ! Afin de calmer les esprits religieux surchauffés, on avait même fait les gros yeux aux dirigeants pékinois, histoire d'éviter quelques bombes humaines. Bouddha n'avait pas encore mis son grain de sable dans la bagarre mondiale ? Eh bien, nous y étions !

-  Tu n'as pas honte, Dabi, moralisa Pauline ?

-  Sans mon B, je me sentais bancal, mentit-il avec un aplomb insupportable.

-  En choisissant comme date le 08.08.08, la Chine se met au calendrier chrétien, intervint Méné. Un comble !

-  A mon avis, l'archevêque de Toulouse y est pour quelque chose. Dans son livre "Le moine et le lama", il élimine sauvagement les dames.

-  Tu crois qu'il n'y a pas de féminin à lama, s'enquit Méné perplexe ?

-  "Lamale au diable !", dirait un berrichon amoureux de George Sand, se moqua Dabi.

-  Du côté du Mont Athos, ce n'est pas terrible non plus, déprima Méné. Les moines gynophobes ont supprimé le "e" pour éviter l'apparition de l'horrible a-theos. Finalement, les "e" sont redoutables. Pauvre de moi, qui en ai deux !

-  Ecoute Méné, dit gentiment Pauline; en anglais tu n'en as aucun et de plus, tu es adorée par la secte Moon.

-  Tu as raison; cela dépend des régions, des saisons, de la mousson et du temps qu'il fait à la maison, seremontalemorala Méné, devenue adepte de la secte Coué.