PREAMBULE
(fin décembre 2007).
Strasbourg ne cachait pas son moral mitigé. Faisant
suite à un hiver non polaire, juillet fut terne et août débutait mal,
vêtu d'un imperméable. En cette région, une pause estivale trempée
jusqu'aux os annonçait une année climatiquement navrante.
Pauline la celte récapitulait, comme d'habitude.
Nullement triste, elle rejouait au golf avec ferveur,
rêvant de cieux bleus, ombrelles et verdures rafraîchissantes. A
cinquante-sept ans, veuve et sans enfant, toujours amoureuse de son
métier de médecin biologiste, elle pouvait choisir le sens de sa vie;
virevoltant, elle décida son retour à Dermate et mit le cap vers le Sud.
Elle s'était installée dans la capitale alsacienne pour étudier les méandres mélodiques du Dieu religieux.
Mais voilà : "Il ne lui disait rien".
Elle avait pourtant chanté dans deux chorales
branchées judéo-chrétiennes, espérant entamer la conversation avec YAHDI
(Yahvé-Dieu).
Or, le buisson ardent restait muet comme une carpe congelée.
Décidément, Pauline voguait toujours à contre-courant. Pour elle, l'ère du poisson résistait à l'effet de serre.
En bonne bretonne fidèle, elle ne quittait pas son
ami le chiffre quatre. Sans en faire une obsession psychiatrique, elle
acceptait son rôle de fil conducteur.
Penser à la mutation "trèfle à quatre feuilles", la
chercher, voire la trouver, lui donnait de l'impulsion, de l'élan, une
concentration d'énergie originelle "biogène" (du grec bios = vie et gène = qui engendre).
Pauline appartenait au Genre de Hominidés.
De ce fait, elle transformait sa bio-génie archaïque mais vitale en idée-génie antique platonique, et parfois son instinctivo-génie horizontale charnelle un tantinet soixante-huitarde en imagine-génie verticale classe, flirtant avec une spiritualité très mode.
Cela ne fait que deux dimensions, me direz-vous, de
bas en haut pour le religieux et de droite à gauche pour le politique,
avec un point commun à leur intersection bizarrement cruciforme, le
pouvoir. D'accord.
Si je donne à Pauline l'idée de faire tourner tout
cela sur place comme une girouette, elle arrivera à une troisième
dimension, la profondeur du mouvement immobile, paradoxe brownien.
Et si je "drive" son imaginaire, je la fais aboutir à
cette évidence : La quatrième dimension n'est pas de la
science-fiction, mais tout simplement la mobilité efficace, seule
réalité palpable de l'Espace et du Temps.
Oh pardon ! J'ai oublié de me présenter ! Je suis le Tétrathéosome (du grec tetra = quatre, theos = divinité et soma
= corps), seul représentant de mes Espèce, Genre, Famille, Ordre et
Classe. Je m'appelle Boudyahdiah, à la fois nom et prénom, ni féminin ni
masculin ou bien les deux, puisqu'unique. Par contre, mon étymologie
vous montre que je demeure quatre en un, divine mutation que je
m'évertue à faire comprendre à Pauline en lui offrant des trèfles à
quatre feuilles, symboles la faisant passer de l'Irlande au Pays basque
(Cf Tome I, Editions B).
En l'orientant vers Carnac la française, finalement
proche de l'égyptienne à vol de cigogne, je lui ai révélé que des
mégalithes gaéliques s'étaient "mus" mystérieusement vers la Navarre.
Par moi, la Trinité (étymologie latine avec tres = trois) devient Tétranité (étymologie grecque avec tetra = quatre, que nous avons déjà mentionné).
- Alors, qu'en dis-tu, lui demandais-je ?
- Hum, répondit Pauline.
Car elle se doutait bien de quelque chose. Ce n'était
pas tout à fait "normal" de croiser le chemin de tous ces tétra-somes
mutants botaniques, même si elle forçait la rencontre, en les cherchant
souvent avec entêtement.
Elle n'avait pas perdu son temps puisque Boudyahdiah
daignait sortir du néant. Tout de même, ce nouvel être ne provenait ni
de la magie d'une baguette féérique, ni de quelque génération spontanée
poussiéreuse. Nous n'étions pas au Pays des Merveilles.
Pauline s'amusait à l'idée qu'Il murissait dans son
esprit depuis 9 mois. Drôle de bébé, chargé d'au moins quatre mille ans
d'Histoire et "délivré" d'une femme récemment hystérectomisée. La Raison
se trouvait dans l'embarras : Boudyahdiah existait bien avant Pauline,
et pourtant il venait d'en naître, ce qui signifiait qu'il avait toute
la vie devant soi. Je ne dis pas lui, ni elle d'ailleurs.
Son origine historico-culturelle demeure résolument
masculine : BOUDdha + YAHvé + DIeu + AllaH. Mais son séjour chez Pauline
l'a muté, délété, délesté de son genre inutile, rendu neutre et donc
sans a priori sexiste mortifère. Boud-yah-di-ah s'est trouvé
allégé de son eu-lla-vé-dha, dans le désordre. Pauline ne l'a ni castré
ni engendré, mais régénéré, débarrassé de son surgenre, recentré.
Nous comprenons ainsi que toute schizophrénie se
trouve écartée. En effet, nous ne sommes pas devant un cas de
dédoublement d'une personnalité mystico-givro-charlatanesque, mais bien
devant l'incroyable transformation du tétrathéosoma, mi figue mi raisin,
en Tétrathéosome neutre, ni figue ni raisin. De plus, ce qui est une
première, l'être quadruple reste un, grâce à l'effet catalyseur
concentrant de son incarnation passagère chez Pauline.
Nous devons en conclure qu'une affaire de ce "genre" s'avérait impossible si Pauline s'était prénommé-e Paulin.
Êtes-vous conscients que, pas à pas, nous devenons quatre personnages : Vous, moi, Pauline et Boudyahdiah ?
Alors restons à l'écart et laissons-les évoluer tranquillement.
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