jeudi 5 juillet 2012

EXIT DABI (ET SI DIEU ... TOME II - VERSET VI).



EVANOUISSEMENT DE LA BULLE DABIENNE.



En prenant du recul, nous étions bien obligés de constater que Dabi, fruit de la pensée masculine, n'arrivait pas à pacifier ses quatre points papaux.

-  Cardinaux, corrigea Pauline, mais c'est tout comme.

De ce fait, chacun de ses quarts tirait la couverture à lui.

-  Nous sommes loin de la grandeur d'âme d'un Martin apothéosé, capable de donner la moitié de la sienne à un miséreux, intervint une Méné moralisatrice.

Rongé de mauvaise conscience virile, le Roi Râ ne pipait mot. Sans lui, en serions-nous là ? Ambiance pesante. Impossible de faire demi-tour en pleine attraction universelle. Nous étions dans de beaux draps.

Fallait-il regarder la lutte intérieure et déchirante entre les quatre éléments de Dabi sans agir ? Avions-nous un droit d'ingérence en son chaos intime ? 


Pauline se demandait à quel saint se vouer car elle en voyait plein partout; des jaunes, des noirs, des café au lait, des blancs, des basanés, des rougeauds, bref un véritable patchwork. Certes, les bleu et vert manquaient à l'appel, mais cela montrait que tout ce petit monde ne souffrait ni de troubles cardiaques provoquant cyanose, ni d'une affection grave de la vésicule biliaire. Coeur et foi(e) demeuraient intacts.


Nous nous trouvions devant un cruel fait accompli : Désarçonné, Dabi s'était fait la malle.


Méné, Râ et Pauline organisèrent LA réunion du SIECLE, rue du faubourg de la Voie Lactée. Sans Dabi, ils n'avaient pas grand prières à se mettre sous la dent. Finis les sacrifices bovins et caprins, terminées les offrandes, au diable les nuits d'adoration teintées d'ex voto, adios les temples et leurs maçons.
DésOeuvrés, les dieux n'en "foutaient" plus une rame. Le navire battant pavillon "Opera deorum" coulait à pic (jeu de mots, ndl'auteure).


-  Gardons notre sang-froid, zéna Pauline.


-  Facile à dire, répliquèrent Râ et Méné, qui n'y connaissaient rien en angéiologie.


L'heure était grave. Les deux clartés célestes firent remarquer qu'elles n'avaient pas encore perdu la boule. A la bonne heure, pensa l'auteure en contemplant son réveil : Tic-tac, tic-tac. L'absence du Tétral n'empêchait pas l'obsédant déroulement du temps.


Pauline se sentait orpheline. Dabi n'était pourtant ni son père, ni son frère, ni son petit ami. Le cygne du Tome I remonta le cours de sa mémoire.

(A propos, pour ceux que cela intéresse car ce livre n'est probablement plus disponible :
C'est désormais gratuit, youpi ! Fermons la parenthèse ...).

A Dermate, elle ne voyait que des pies, des moineaux et des corbeaux. L'oiseau blanc revenait à tire d'ailes, imposant en sa royale absence la majesté de sa toute réalité historique (et zut, je préfère mémori-elle).
Fichtre de l'Être et du Néant, pensa Pauline ! Le sapin phénoménal (clin d'oeil kantien), offert à son regard par sa fenêtre, servait réellement de perchoir à ses amis plumés. Nul doute la-dessus.



C'est bien gentil d'écrire des tonnes de livres sur l'éternelle irréalité du visible, la probable certitude de l'existence de l'invisible, voire la vérité ontologique du virtuel. Mais quand je glisse sur une peau de banane, laissée volontairement sur mon chemin par une altérité "sympa", ni ma chute ni mes hématomes ne sont imaginaires.
-  As-tu déjà palpé la pesanteur, aurait fait remarquer Dabi ?

Râ et Méné ne pouvaient plus aider Pauline; elle le comprit. Espace et temps ne comptaient plus. Totale et éternelle solitude.

Elle avait appris que certains animaux pressentent les catastrophes naturelles. Par exemple, les éléphants possèdent des récepteurs ultra-sensibles à l'endroit où leurs grosses pattes entrent en contact avec le sol (plante des pieds chez nous). Ainsi peuvent-ils anticiper et éviter les ravages d'un tsunami. Le plus gros mammifère terrestre hors l'eau, herbivore et non carnassier, pataud et subtil, nous apprenait-il un brin de civilisation ?

-  Sans aller jusqu'au matriarcat exagéré, les femelles jouent un rôle majeur dans l'organisation sociétale éléphantine, aurait précisé Dabi. Ce n'est pas pour te déplaire, non ?

Pauline se demandait si les mammouths n'avaient pas disparu du fait d'une mutation de leur gène ternaire codant "moumoute-caput-réchauffante", au niveau du troisième locus (voir Wikipédia), avec apparition de "absente" au lieu-dit "réchauffante". Les paléontologues connaissaient une grande partie du passé de ces mastodontes. Pouvait-on reconstituer une carte génétique précise grâce aux fossiles ? Les éléphants actuels, très intuitifs et dépourvus de pilosité excessive, descendaient-ils des mammouths par perte d'un chromosome Y surnuméraire ?

-  Prendre ses désirs pour des réalités ne constitue pas une attitude scientifique rigoureuse, se serait permis Dabi. 

Pauline songeait à Charles de Gaulle. Elle aurait aimé que ce grand homme ne fut point très "poilu", malgré sa présence à la guerre de 14-18. Elle le comparait à un éléphant; un peu mal-voyant et pourtant visionnaire. Il lui semblait inimaginable qu'une française ne soit pas gaulliste. Le droit de vote pour les femmes en Gaule, ce fut qui ?  

Nous étions le 15 août 2008. Donc fête des Editions du Chevalier sans peur et sans reproche. Pauline avait remarqué un panneau publicitaire des magasins Dupré, vantant leur ouverture en ce jour sacré. Or, la famille Leblé, propriétaire de ce trust sentant bon l'oseille, ne cachait pas ses idées catholiques prononcées. La pauvre Vierge Marie s'accrochait aux ailes de son ange gardien pour ne pas sombrer dans le néant de l'impiété argentophile. Le symbole matriarcalodivin disparaissait devant l'attrait de l'Ecu de France devenu Euro. Crésus possédait-il une vierge-mère dans son panthéon ? Chez certains chrétiens idolâtres, la Trinité masculine retrouvait une quatrième branche chromosomique formant un X, grâce à l'apparition d'une Reine-Mère. Ne soyons pas dupes et souvenons-nous qu'un seul X ne représente qu'une moitié de femme, voire rien du tout.

Pour des raisons de bon sens pratique, la ferveur populaire européenne (and CO ... LONIES) transformait Myriam la juive mère plus toute jeunette du petit Jésus, en une jolie, pure et neuve dame du XIX ème siècle victorien (donc après Lui et Elle, un comble), les yeux levés au ciel en signe d'adoration de son MAÎTRE et SEIGNEUR, les mains jointes entourées d'un chapelet Ô combien anachronique, douce chaîne mais chaîne quand même.

Que de fantasmes masculins refoulés et curieusement sublimés !


Pleine d'ardeur, Pauline décida de s'inscrire au GRANDISSIME Prix du Golf de Tridemin. S'attendant à une manoeuvre visqueuse du président, elle fut très surprise d'apprendre l'acceptation de sa participation. Il est vrai qu'il n'y avait que 22 inscrites sur les 39 possibles. Elle ne trouva aucune des joueuses de l'ancienne équipe féminine, dont elle avait fait partie quelques années auparavant, et qui l'avaient prise en grippe, haïe, massacrée, éjectée. Les Amis de Pauline s'étaient-Ils mêlés de cette sombre histoire de jalousie hystérique ? Elle se rappela qu'un jour de Championnat de France Dames par équipe, dans la voiture qui les menait au lieu de la compétition, Pauline avait regardé le ciel et vu un nuage dessinant exactement les contours d'une carte de la France. Elle avait crié son enthousiasme. Mais ses partenaires, jeunes femmes-filles pourries-gâtées et mal dans leur être, traitèrent sa joie de vivre avec dédain. Cinq ans plus tard, certaines d'entre elles, toujours aussi médiocres et hostiles, ne brillaient pas d'une humanité enfin trouvée.
Aujourd'hui, aucune ne participait au grand prix. Pauline en avait compté quatre; les autres avaient quitté le golf de Tridemin.


Ayant perdu un gros atout, le président manifesta tout de même sa hargne de catholique "charitable". La veille du premier jour de la compétition, Pauline reçut un courrier pervers de sa maison d'éditions (Tome I). Le chargé de communication (curieusement viré depuis, ce qui est un bon point pour le directeur de la dite maison d'éditions) lui envoyait des félicitations pour une "belle promotion" effectuée pour sa rencontre-signature, par l'exceptionnel quotidien local, l'Eclairage républicain. Soit deux minuscules lignes d'annonce, parues deux mois auparavant. Pauline comprit qu'il s'agissait d'une manoeuvre de déstabilisation et pensa que David (Tome I) le pervers ne devait pas être très loin. Le président utilisait donc son ancienne influence médiatique pour compenser l'absence des anciennes coéquipières nauséabondes de Pauline, bavant encore son vitriol. Coulé. Pauline joua bien, passant le "cut" à l'arraché, faisant évoluer son "index" (Cf Golf sur Wikipédia) favorablement de 8,8 à 8,1 après quatre jours de jeu. Elle était la plus âgée et la moins entraînée. Jolie coïncidence : Elle joua 44 coups de plus que le "par" en 4 parcours ... Feu d'artifices de tétranités !


Pauline dégustait la manifestation discrète de ses amitiés solides. Mais ce beau soutien humain n'expliquait pas tout.


-  Youpi, Dabi ne nous a pas trahis, exulta Méné !


-  Je te signale que Dabi, c'est fini, r i ri comme Capri, répliqua Pauline avec l'ironie d'un désespoir voilé.


-  Ce n'est peut-être pas définitif, tenta Râ ?


-  Nous devons nous débrouiller tous les trois, sans ses quatre quarts, continua-t-elle avec courage.


-  Si nous considérons que 44 au-dessus du "par" ressemblent un peu à un "quatre-quatre", essaya Méné, cela nous mène ...


-  Et vlan s'énerva Pauline ! Vous n'allez tout de même pas me faire le coup du Sermon sur la Muraille de Chine, avec choeur des charismes béats renouvelés ! Ras le riz !


-  Tu trouves que j'ai les yeux bridés, plaisanta Râ ?

-  ...


Le brusque silence de Pauline ne leur dit rien qui vaille. Râ et Méné plièrent bagage, pressentant que ce n'était pas le moment de la "ramener".


Pauline venait de recevoir le dard de Morphée, qui lui prit l'esprit, mine de rien. Elle se retrouva doucement enfouie dans un nuage franchouillard en roudoudou blanc sentant bon la doudoune. Trève en rêve flou.


Elle partait à la recherche du sens des formules "à contre-coeur", "la mort dans l'âme". Etait-ce l'inverse de "à coeur ouvert", "vie éternelle" ? "Contre son gré" définissait-il une liberté entravée et donc la Liberté ? "Contre mauvaise fortune, bon coeur" pouvait être interprété comme une résignation négative du genre "à quoi bon ?". Elle mesurait la richesse du code de communication humain, compliqué de son lot d'interprétations multiples, de non-dits et mal-entendus. Effondrement de la Tour de Babel, Esperanto ou langage des signes, quelle importance ? L'essentiel est de se reconnaître dans le vécu, le ressenti, le pigé transmis par les vivants qui nous ont précédés.


-  Les aveugles comprennent-ils les histoires sans parole, demanda l'onirique Dabi ?


-  Alors je te retrouve dans la petite mort de Morphée, touthautrêva Pauline ! Où sont tes ailes célestes ?


-  Evanouies dans l'apesanteur de ton inconscient, répondit Dabi le muet.


Courant au plus vite pour fuir le réveil, Pauline sentait ses jambes s'alourdir, s'appesantir sur le sort terrien. Bien installée dans le sommeil, elle cessa de lutter.


-  Pourquoi dormons-nous, se demanda-t-elle ?


-  Bonne question, se répondit-elle.


-  Tu crois vraiment que Râ et moi sommes au repos le tiers de notre temps, voixd'outretomba Méné ?


-  Elle est bien bonne, celle-là, s'indigna Pauline même endormie ! C'est vous qui nous imposez le cycle nycthéméral !


-  Le quoi, s'enquit Râ ?





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire